Conclusion corpus rencontre amoureuse

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Un espace de mise en scène A. En vérité vous êtes aussi belle que moi. De la même façon, quand Fénelon fait une continuation de l' Odyssée, il ne cherche pas à surpasser le texte fondateur, mais simplement à combler une ellipse narrative laissée par Homère — le retour de Télémaque vers Ithaque —, dans le but de rédiger un roman didactique afin d'instruire le petit-fils de Louis XIV. Césarée… Je demeurai longtemps … je deviens gâteux. Pour autant, l'écrivain, en digne acteur de la génération surréaliste, a aussi cherché à remettre en cause les conventions esthétiques et formelles de la grande « tradition » romanesque du xix e siècle. Mais l'extrait montre bien que le « palimpseste » du texte de Flaubert, loin de réduire l'intérêt de la scène, lui donne une profondeur manifeste ; le dialogue subtil auquel se livre l'écrivain, par le biais de son personnage, avec un autre grand romancier, ouvre une réflexion stimulante sur la question de la mémoire littéraire, et sur l'évidente immortalité de l'œuvre d'art.

TC2 : Cervantes, Don Quichotte de la Mancha, Sancho panza parle de la vraie Aldonza Lorenzo : l'amour nait de l'imagination TC3 : Racine, Phèdre : le personnage victime de la malédiction des dieux TC 4 : Aragon, Aurélien, incipit : l'amour nait de l'imagination TC5: Monet; la femme à l'ombrelle : l'image de la femme au XIXe siècle. Problématiques : Comment s'illustre par ce texte l'évolution du personnage de roman au cours des siècles? Quels sont les procédés remarquables dans chacun des textes dans le traitement des personnages? Comment l'évolution de l'histoire d'amour à venir est déjà esquissée dans la scène de première vue? Les cause de l'amour entre les personnages sont-elles intérieures ou extérieures à lui? L'amour est-il le résultat d'une perception ou d'une imagination? Y-a-t-il des causes extérieures à l'amour? En quoi ces histoires d'amour sont-elles tragiques? Activités : Documents complémentaires TC1 Phèdre de Racine; 17e siècle Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps et transir et brûler ; Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D'un sang qu'elle poursuit, tourments inévitables. Par des vœux assidus je crus les détourner : Je lui bâtis un temple, et pris soin de l'orner ; De victimes moi-même à toute heure entourée, Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée : D'un incurable amour remèdes impuissants! En vain sur les autels ma main brûlait l'encens : Quand ma bouche implorait le nom de la déesse, J'adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse, Même au pied des autels que je faisais fumer, J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer. O comble de misère! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. TC3: Aurélien ; Louis Aragon La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu'il n'aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de princesse d'Orient sans avoir l'air de se considérer dans l'obligation d'avoir du goût. Ses cheveux étaient ternes ce jour-là, mal tenus. Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n'aurait pas pu dire si elle était blonde ou brune. Il l'avait mal regardée. Il lui en demeurait une impression vague, générale, d'ennui et d'irritation. Il se demanda même pourquoi. Plutôt petite, pâle, je crois… Qu'elle se fût appelée Jeanne ou Marie, il n'y aurait pas repensé, après coup. Voilà bien ce qui l'irritait. Il y avait un vers de Racine que ça lui remettait dans la tête, un vers qui l'avait hanté pendant la guerre, dans les tranchées, et plus tard démobilisé. Un vers qu'il ne trouvait même pas un beau vers, ou enfin dont la beauté lui semblait douteuse, inexplicable, mais qui l'avait obsédé, qui l'obsédait encore : Je demeurai longtemps errant dans Césarée… En général, les vers, lui… Mais celui-ci lui revenait et revenait. Tout à fait indépendamment de l'histoire de Bérénice…l'autre, la vraie… D'ailleurs il ne se rappelait que dans ses grandes lignes cette romance, cette scie. Brune alors, la Bérénice de la tragédie. Césarée, c'est du côté d'Antioche, de Beyrouth. Assez moricaude, même, des bracelets en veux-tu en voilà, et des tas de chichis, de voiles. Césarée… un beau nom pour une ville. Ou pour une femme. Un beau nom en tout cas. Césarée… Je demeurai longtemps … je deviens gâteux. Impossible de se souvenir : comment s'appelait-il, le type qui disait ça, une espèce de grand bougre ravagé, mélancolique, flemmard, avec des yeux de charbon, la malaria… qui avait attendu pour se déclarer que Bérénice fût sur le point de se mettre en ménage, à Rome, avec un bellâtre potelé, ayant l'air d'un marchand de tissus qui fait l'article, à la manière dont il portait la toge. Je demeurai longtemps errant dans Césarée… Ça devait être une ville aux voies larges, très vide et silencieuse. Une ville frappée d'un malheur. Quelque chose comme une défaite. Une ville pour les hommes de trente ans qui n'ont plus de cœur à rien. Une ville de pierre à parcourir la nuit sans croire à l'aube. Aurélien voyait des chiens s'enfuir derrière les colonnes, surpris à dépecer une charogne. Des épées abandonnées, des armures. Les restes d'un combat sans honneur. Texte 1 MADAME DE LA FAYETTE : LA PRINCESSE DE CLEVES : LA SCENE DE LA PREMIERE RENCONTRE ENTRE MADAME DE CLEVES ET LE DUC DE NEMOURS COMMENTAIRE COMPOSE Introduction : « La Princesse de Clèves » est un roman écrit par Madame de La Fayette en 1678. Cette oeuvre, véritable joyau de la littérature française, est considéré comme un « roman moderne » précisément parce qu'il rompt avec les conventions du roman baroque. L'histoire se déroule dans un temps historique le XVIème siècle assez proche du temps de l'écriture de l'oeuvre. Après un rapide tableau historique, Mme de La Fayette présente aux lecteurs un large panorama des figures importantes de la cour ainsi que les personnages principaux du roman. Parmi eux, le narrateur distingue le Duc de Nemours, absent de la cour parce qu'occupé à arranger une affaire matrimoniale, qui n'assiste pas à l'apparition éblouissante de Mlle de Chartres à la cour, ni à son mariage rapide avec le Prince de Clèves. Le texte a donc ménagé un certain suspens, en différant la rencontre de ces deux êtres. La scène étudiée est la scène de première rencontre entre Madame de Clèves et le Duc de Nemours qui a lieu à l'occasion d'un bal donné en l'honneur des fiançailles de Claude de France et du Duc de Lorraine. On peut donc se demander en quoi cette scène fournit des indices d'un amour impossible entre la Princesse et le Duc. Notre lecture analysera dans un premier mouvement cette scène de rencontre comme une scène romanesque qui conduit à la naissance de sentiments amoureux deux protagonistes. Dans un second mouvement nous nous attacherons à expliquer cette scène de coup de foudre et enfin, nous montrerons que cette scène de rencontre affiche déjà que la passion naissante entre la Princesse et le Duc est condamnée. Texte étudié : « Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure ; le bal commença et, comme elle dansait avec Monsieur de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait, et à qui on faisait place. Madame de Clèves acheva de danser et, pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le Roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte qu'il parut difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir Madame de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement. Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le Roi et les Reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vu, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur laisser le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point. » Analyse : I La scène de rencontre : une scène romanesque A. Les conditions de la rencontre Le cadre dans lequel se rencontrent la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours est un cadre prestigieux puisque cette rencontre se fait au Louvre, à un bal, à l'occasion des fiançailles de la fille d'Henri second. Le lieu a toute son importance d'une part parce qu'il il est un lieu idyllique, propice à la naissance d'une passion et d'autre part, parce que cette référence historique ancre la narration dans une situation réelle et renforce par là l'illusion de la véracité du récit : « Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. Nous pouvons remarquer que ce cadre magnifique est posé d'emblée, dès le début de l'extrait ce qui montre son importance pour la scène qui va être racontée. L'arrivée de Monsieur de Nemours est peu discrète puisqu'elle attire l'attention de tous les convives présents au bal : « il se fit un assez grand bruit vers la porte » l. Mais ce qui surprend le plus c'est que Le Duc et la Princesse sont amenés à danser ensemble sur la demande du roi : « le Roi lui cria de prendre celui qui arrivait » l. La rencontre se fait donc par effet de surprise, sans que l'un ou l'autre n'ait entrepris quoi que ce soit. Par ailleurs la narratrice se plaît à ne pas dévoiler leur identité pour ménager un certain suspens : c'est le pronom démonstratif« celui qui » l. Le texte, bien que les deux parties devinent qui ils sont, préfère taire leurs noms. En effet, ce n'est qu'à la fin que leur identité est dévoilée et qu'on les présente vraiment : « mais comme Madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis » l. L'environnement dans lequel les héros se voient pour la première fois est significatif tout d'abord car c'est un lieu propice à éveiller des passions et ensuite car il permet une rencontre par effet de surprise. En plus de créer un univers favorable aux sentiments, le narrateur peint des portraits de héros qui ne peuvent se laisser indifférent l'un à l'autre, et qui concourent à produire une scène purement romanesque. Les deux héros Le portrait des deux héros est somme toute assez ressemblant et assez commun. En effet, ils sont tous les deux d'une grande beauté : « l'on admira sa beauté et sa parure » l. On notera également les caractérisations hyperboliques de ces êtres d'exception qui soulèvent « un grand étonnement » l. Monsieur de Nemours - « Ce prince était fait d'une sorte qu 'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu » l. On a l'impression que les deux personnages sont complémentaires. Ce récit met en parallèle deux portraits qui montrent qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Leur rencontre est particulière précisément parce que leur reconnaissance se fait avant leur connaissance : « Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours » l. Le coup de foudre naît de leur reconnaissance mutuelle alors qu'ils ne s'étaient encore jamais vus. Les instances royales-mêmes remarquent cette union hors du commun : « Les Rois et les Reines... D'ailleurs Madame la Dauphine les convoque aussitôt la danse terminée pour leur faire dire qu'ils se sont reconnus sans s'être vus : « Ils les appelèrent... Pour cette première rencontre, on l'aura bien compris, les deux protagonistes sont les héros de ce bal. Ils sont magnifiés et toute cette soirée tourne autour d'eux. Les regards sont entièrement portés sur eux et ils retiennent l'attention de tous. Cette rencontre organisée comme un véritable coup de foudre n'est pourtant pas seulement due à eux mais aussi à un autre intervenant qu'est la cour. Le rôle de la cour Placée sous le signe du destin, la cour favorise cette rencontre. C'est grâce ou à cause de la cour que cette rencontre est devenue inévitable. Cette rencontre fonctionne comme un jeu pour la cour qui se plaît ensuite à suivre leur danse tout en la commentant. Le romanesque se poursuit dans leurs réflexions que soulève cette danse imprévue : « Le Roi et les Reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître » l. La singularité est ici signe d'élection. La famille royale poursuit ensuite la mise en scène de leur rencontre à la fin de la danse en décidant de leurs gestes et du dialogue qu'ils vont avoir puisqu'« ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur laisser le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point » l. La cour va également dévoiler les mystères et les identités de chacun tout en perçant l'intimité de chacun des deux protagonistes. La Princesse de Clèves est « un peu embarrassée » l. Cet embarras souligné par le texte montre déjà qu'elle est intéressée par cet homme. Mais la Princesse perçoit le danger et refuse de plier aux questions de la Dauphine car la cour attise les passions mais les condamne en même temps. Mais surtout elle condamne les femmes. La cour joue donc un rôle décisif dans la rencontre entre les deux protagonistes. Sans elle, leur amour ne serait peut-être pas né. Tout ce qui entoure la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours participent à la naissance de leur passion réciproque. L'environnement, leur beauté remarquée de tous et l'union entreprise par la famille royale rapprochent inévitablement ce couple qui ne peut que tomber amoureux. Nous allons à présent analyser la manière dont la narratrice construit ce coup de foudre. II Un des premiers coups de foudre de la littérature française le premier étant celui d'Erec et Enide A. L'importance des regards Le regard est prédominant et traverse cet extrait. La répétition du verbe « voir » montre que tout se passe par le regard : « Elle se tourna et vit un homme » l. Le verbe « voir » qui apparaît sept fois crée une sorte d'érotisation du regard pour signifier l'harmonie entre les deux personnages. L'amour naît uniquement de cet échange, échange qui ne passe que par la vue car dans cette scène les deux futurs amants amants signifie amoureux au XVIIème siècle ne se parlent à aucun moment. Ce partage réciproque des sentiments s'opère aussi par la phrase qui souvent binaire alterne les impressions de l'un puis les impressions de l'autre au moment du premier regard: « Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de ne pas être surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu... La narratrice utilise presque les mêmes termes pour qualifier le Duc et la Princesse ce qui montre leur parfaite adéquation, également mimée par le nombre de phrases égales accordées à l'un et à l'autre. Le rapprochement qui s'opère, l'amour qui naît ne passe que par le regard. Ils ne se parlent à aucun moment même dans le dialogue final, ils ne se disent rien et la communication est réduite un échange d'impressions passant par la vue. C'est ce qui donne un caractère sensuel à cette scène, caractère sensuel que l'on peut aussi percevoir dans le rapprochement des corps. Un rapprochement irrésistible Bien que le rapprochement des deux êtres ne soit pas de leur fait, leur réunion charnelle dans la danse évoque la sensualité. Il n'y a aucun échange verbal intime. Seuls la danse et les regards les lient. Nous, lecteurs sentons cette vive tension qui anime leurs coeurs. La Princesse et le Duc agissent malgré eux comme s'il était impossible de faire autrement. Le nombre important des tournures négatives marquent leur perte de moyen face à l'autre : « Elle tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours » l. La première tournure qui est une négation restrictive exclut dans la pensée de la Princesse que l'homme qui vient d'arriver au bal soit quelqu'un d'autre que le Duc, comme si elle l'attendait. Cette exclusion marque déjà l'élection du Duc dans son coeur. La seconde tournure négative montre que la Princesse fournit de véritables efforts pour combattre la surprise, l'action inattendue que provoque le Duc sur elle. La troisième tournure affiche la perte de contrôle de Monsieur de Nemours lorsqu'il voit la Princesse. Le sémantisme du verbe révèle la puissance de la passion qui l'a saisi de façon violente. Cette union irrésistible contre laquelle il est difficile de lutter est également suggérer dans l'alternance des points de vue. Au début de la scène le point de vue adopté est celui de la Princesse, puis c'est celui du Duc et enfin, celui des Rois et des Reines. La scène est brillamment construite par la narratrice qui en alternant différents points de vue sur la rencontre révèle l'écart, le décalage entre les actes et les paroles de la Princesse qui prétend ne pas avoir reconnu le Duc : « Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut ne pouvoir être que Monsieur de Nemours » l. Les points de vue permettent de mettre au jour les contradictions de la Princesse qui ment pour ne pas être découverte alors que le Duc adopte la sincérité. La passion est naissante chez les deux personnages mais elle se manifeste différemment. Outre qu'ils sont sur le même plan sentimental ce que mime la construction syntaxique alternance de phrases en faveur de l'un ou de l'autre , ils jouent sur des réponses opposées qui suggèrent le drame prévisible d'une dissension absolue, d'un amour impossible. III Deux conceptions de la parole C'est le dialogue qui fait éclater l'opposition du couple. Ils choisissent en effet différentes stratégies de réponses pour ne pas trahir le coup de foudre qu'ils ont eu l'un pour l'autre. Leur psychologie est dévoilée et indique deux destinées. Les deux réponses à l'amour font naître en même temps que la passion le drame d'une amour qui ne se réalisera pas. Un être roué, conscient de la parole de la cour Le discours que tient le Duc est un discours de courtisan habile, habitué aux pratiques de la cour : « Pour moi, Madame, dit Monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme Madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître » l. Il ne nie pas les évidences et déporte dans la seconde partie de sa réponse l'interrogation de Madame la Dauphine comme si' c'était lui qui demandait à être présenté à la Princesse: « je voudrais bien que votre majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom » l. Le Duc utilise un discours de la litote et de la retenue que l'on peut sentir dans la double négation et l'ellipse du groupe nominal « les mêmes raisons ». Cette réplique qui favorise l'énigme joue le jeu de la discussion de salon. Sincère, le Duc détourne habilement le questionnement, désamorce le piège de la Dauphine qui veut que cette discussion soit un aveu en assumant l'admiration qu'il a pour la Princesse, qui elle refuse de dire la vérité. Un être de la transparence contraint au mensonge La Princesse commet deux erreurs fondamentales. Tout d'abord, elle manifeste une gêne face au questionnement de la Dauphine. L'indice de sa confusion est donné par la narratrice : « reprit Madame de Clèves qui paraissait un peu embarrassée » l. Ensuite elle nie cette gêne « Je vous assure » l. L'adjectif qualificatif trahit son malaise et son mensonge ainsi que le verbe qu'elle emploie. Elle pense qu'on lui demande un aveu, qu'elle est attaquée et c'est pour cela qu'elle est sur la défensive. Elle n'avoue pas, et ne s'avoue pas à la fois l'admiration qu'elle porte à Monsieur de Nemours. Elle rend le jeu de salon en interrogations douteuses alors que le Duc avait réussi à faire l'inverse. Cette opposition des discours avec un personnage qui assume son admiration devant la cour et un autre qui refuse de la reconnaître posent les indices d'un amour perdu d'avance. Un amour condamné Les deux personnages manifestent par leur attitude deux conceptions opposées de la cour et du monde. L'un joue avec les conventions de la cour et l'autre est incapable de vivre dans le paraître et révèle la difficulté d'une absolue sincérité. Le paradoxe ici est habile : le Duc en jouant est sincère alors que la Princesse au nom de l'être le verbe ment et dissimule. Les bienséances et la passion s'opposent dans cet extrait. Le poids des conventions et de l'éducation de la Princesse voir le portrait de Mlle de Chartres qui a eu une éducation parfaite se fait ici sentir et le lecteur pressent déjà que les deux personnages éprouveront des difficultés à leur union. Conclusion : Cette scène de rencontre est placée sous le signe de la perfection. L'amour entre les deux protagonistes est montré comme inévitable. Tout concourt à faire naître dans leurs coeurs des sentiments passionnels : l'environnement est idyllique et leur beauté participent à cet éclatement de la passion qui n'aurait pu se faire sans l'intervention de la famille royale qui les a réunit le temps d'une danse. Dès qu'ils se voient le coup de foudre est immédiat. Chacun remarque les charmes de l'autre et en sont comme fascinés. Toutefois cet amour est montré sous un jour particulier. Nous assistons à une scène qui montre les prémices d'une passion certes, mais les prémices d'une passion fatale, condamnée d'avance. Cet extrait met en place les lignes de force du roman tout entier. La relation est déjà montrée comme impossible. Il apparaît en creux la thématique de l'aveu que nous retrouverons bien plus tard dans le roman et qui est ici refusé. Il annonce également dans quel type de courant esthétique on se situe. La simplicité du vocabulaire, le refus des images, le peu de paroles échangées montrent que l'intérêt de la scène et du roman est fixé sur le non-dit et que l'on se trouve en présence d'un texte de facture classique où le style narrativisé met en évidence la nature du sentiment naissant. Pour finir, il serait intéressant de comparer cette scène avec d'autres scènes où la rencontre est traitée différemment comme dans Le Rouge et le Noir de Stendhal où la scène de rencontre est une scène de trouble qui annonce la passion, ou comme dans L'Education Sentimentale de Flaubert où la scène de coup de foudre est non partagée. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui évidemment n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille : — Que voulez-vous ici, mon enfant? Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question. Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants! Au début du roman, Julien, rêveur, délicat — méprisé par sa famille, gens simples et brutaux —, se présente chez M. Narrateur omniscient, il porte sur eux un regard complice, à la fois ironique et attendri. Stendhal précise en effet que Mme de Rênal se croit seule, « loin des regards des hommes » ; elle est donc « naturelle ». La jeune femme, au contraire, analyse avec précision le costume de Julien : la couleur, la propreté, le tissu de la « chemise bien blanche » et de la « veste fort propre de ratine violette ». Mme de Rênal voit Julien sans être vue, puis elle est découverte. Le regard devient alors réciproque : la rencontre devient échange. Julien dans le regard « miroir » de Mme de Rênal 1. Julien, longuement présenté dans les pages précédentes, redevient un inconnu, « un jeune paysan » comme un autre. Mme de Rênal dans le regard « miroir » de Julien 1. Peut-être est-ce là une manifestation de la lucidité de Julien, malgré son trouble et sa surprise. Un portrait en trois coups de pinceau Julien retient chez Mme de Rênal trois caractéristiques essentielles. Sa fascination pour la jeune femme est placée sous le signe du respect et de la surprise, indiquée par des mots très forts comme « étonné » et « frappé ». Moreau quitte Paris pour Nogent sur Seine. Le personnage a sommairement été présenté au lecteur : il est bachelier, espère un héritage et se déclame des vers mélancoliques. Pourquoi apparaît- elle si belle? Dans le même temps, nous sommes par définition à mi-chemin entre la narration et le discours et se pose légitimement la question : le narrateur assume-t-il pleinement les pensées de son personnage? Le personnage est donc présenté dans toute son hubris : le lecteur sait ce que sera sa perte. Mais que pense donc le narrateur de son personnage? Enfin nous sommes amenés à nous interroger sur la position du narrateur par rapport à son personnage : que pense-t-il de lui? Ce travail a été réalisé par Emilie BOUTLEY, pour ses élèves de 1ère du Lycée Philippe de Girard à Avignon 84 I. Un espace de mise en scène A. Un jeu de comportement. Le rayonnement de Mme Arnoux est attirant dans la mesure où il est une manifestation de sa sensualité. Le cadre de la rencontre revêt un aspect féerique. La dialectique connaissance-identité La séduction de Mme Arnoux repose aussi sur son aspect mystérieux. Un mystère quasi sacré 1. Un vocabulaire religieux Mme Arnoux est un être auréolé de mystère pour Frédéric, un être céleste. Introduction Cet extrait de L'éducation sentimentale, roman de Flaubert, se trouve au premier chapitre de la première partie. Un jeune homme, Frédéric, rentre chez lui à Nogent. Sur le bateau il rencontre une femme mariée dont il tombe instantanément amoureux. On assiste à la naissance d'une passion pour une femme mariée que le jeune homme idéalise directement. Comme toujours chez Flaubert, on trouve une description qui se fait à travers le regard de Fréderic. On a donc une focalisation zéro, puisque le narrateur glisse des remarques. Annonce des axes Nous verrons que nous avons ici une description subjective, puis la manière dont elle est décrite la naissance de la passion. Enfin, nous étudierons deux points opposés. Une description subjective qui transfigure la scène 1. Une situation banale La banalité réside sur le paysage décrit. On a champ lexical de la banalité « même », « vide », « ennui ». On a aussi la description des voyageurs qui montre également la banalité. Or, dans une scène ennuyeuse, le regard de Fréderic se fixe sur une seule personne. L'activité de broderie est tout à fait commune. L'apparition d'une « négresse » est banale à cette époque. Un point de vue qui transfigure la scène Le passage alterne récit descriptif et narratif. Pratiquement dans toutes les séquences descriptives, on a une focalisation interne. On a un champ lexical de la vision : « distingua », « regarda », « avait vu ». La description est prise en charge par le regard de Frédéric. Le terme « amoureusement » montre bien le point de vue interne. La description se caractérise par l'émerveillement et l'enthousiasme. On remarque l'emploi du mot « apparition » qui a son sens le plus fort : c'est la manifestation d'un être surnaturel qui se montre sous une forme visible. Vocabulaire montrant l'admiration du jeune homme pour cette femme : « éblouissement », « splendeur », « séduction », « finesse », « extraordinaire », « ébahissement ». Le choix du point de vue transfigure une situation banale en une révélation quasi mystique. L'apparition d'un certain type de femme inaccessible manifeste de l'émerveillement chez le personnage Frédéric. La naissance de la passion 1. Le coup de foudre On remarque bien l'instantanéité. En effet, dès que Frédéric voit la femme, il semble l'aimer. La comparaison marque bien que le mot « apparition » prend tout son sens. Cette apparition provoque l'éblouissement par la « splendeur », « ébloui » comme une lumière. On a un champ lexical d'une lumière qui irradie et aveugle comme la foudre. La description souligne que l'unicité de cette personne a réussi à faire disparaître toutes les autres personnes. La cristallisation amoureuse L'homme amoureux est ébloui. On a un portrait assez vague de la femme, il nous renseigne sur le sentiment mais non pas l'apparence. On note aussi l'emploi du mot « palpitaient », on peut supposer que ce qui palpite est le cœur de Frédéric. Il est en état amoureux. Les objets qui entourent Mme Arnoux « le panier », « long châle ». Nous remarquons que les objets sont des objets ordinaires mais pour Fréderic, ils sont dotés de qualité exceptionnelle. Ils deviennent des choses extraordinaires. Le « châle » est le point de départ d'une rêverie. A partir de quelques détails, la servante, « négresse », « andalouse », « créole », « au milieu de la mer », on est plongé dans une vie exotique et extraordinaire. On peut parler d'une cristallisation de l'amour. Mme Arnoux est comme une incarnation de la femme inaccessible, la femme mystérieuse mais derrière l'enthousiasme et le transport, un autre regard est présent qui est le point de vue du narrateur. Des points de vue contrastés 1. Le regard du narrateur omniscient sur Fréderic Toutes les séquences narratives du texte sont prises en charges par le narrateur omniscient. Le regard ne se porte pas sur la femme. Il se porte sur le jeune homme. C'est parce que cette femme le regarde qu'il exprime une gène « il fléchit involontairement les épaules ». La gestuelle de Fréderic qui traduit les éléments contradictoires : le rapprochement de cette femme, et en même temps la timidité. Il ne veut pas se déclarer de manière claire. On a un champ lexical du masque « dissimuler », « affecter », faire semblant : tout cela marque bien la maladresse du personnage, un certain ridicule. On peut parler d'un registre comique. Fréderic découvre le désir de la possession physique, mais en même temps le manque et l'impossibilité que traduit « une curiosité douloureuse qui n'avait pas de limite ». Même lorsque Fréderic commentera l'intimité, il ne parviendra pas à satisfaire ses désirs, donc on a une frustration. On a un regard critique sur le personnage et son masque d'assurance, de pugnacité. Le lecteur découvre autrement le personnage au travers de plusieurs passages dans le texte. Le monologue intérieur de Fréderic Passage où les pensées du narrateur sont rapportées au style direct. « Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé? », « elle avait ramené cette négresse avec elle? Le premier monologue consiste sur la question de la vie de l'inconnue, ce questionnement est le point de départ de deux éléments. Fréderic se livre donc à une rêverie et à une imagination qui viennent compenser cette impossibilité. Il se met à supposer plusieurs choses et l'entrée de la négresse le rentre dans des rêveries exotiques. Ces deux suppositions nous renseignent sur le tempérament et sur le goût d'une personne rêveuse, sentimentale, imprégnée de clichés romantiques de l'époque. L'alternance récit description permet un jeu entre une réalité ordinaire qui nous présente un jeune homme timide, et ce rêve qui introduit un contraste entre le regard moqueur et l'enthousiasme rêveur de ce même personnage. Conclusion C'est un texte qui nous relate un coup de foudre. Frédéric entame ici son éducation sentimentale par une expérience déterminante. La rencontre avec un être appartenant à une réalité supérieure et donc inaccessible. On a un amour impossible à combler et toute la suite de sa relation sera sur le même mode mais la distance sera impossible à abolir. Explication des documents complémentaires : Sur les documents complémentaires séquence 1 : Racine est un dramaturge du 17e , époque de Molière, Corneille, La Bruyère. En plus ils peuvent se sentir coupables, monstrueux, ce qui est le cas de Phèdre. Ils en meurent souvent. La fatalité est plus claire dans ce texte théâtral. Sur quels textes fonctionne la cristallisation? Texte complémentaire : Incipit d'Aurélien d'Aragon I — Biographie d'Aragon Aragon a, dans ses début, participé au dadaïsme et à la création du surréalisme avant de s'en séparer. Il fonde la revue littéraire avec André Breton. Dans un premier temps il s'engage auprès des communistes durant la résistance en France pendant la seconde guerre mondiale. C'est un poète qui écrit énormément en prose. Il est très inspiré de Elsa Triolait qui est sa maîtresse. Rupture en 1932 avec le groupe surréaliste. Après avoir rompu avec le surréalisme il va écrire beaucoup de romans ne ménageant pas la bourgeoisie de laquelle il est issu. Il est mobilisé en 1939 et étant communiste français il n'a pas d'autre choix que de devenir clandestin en 1941. Après être devenu clandestin, il organise un réseau de résistance en zone sud. Il revient à la création littéraire et fait paraître patriotisme mêlé à son amour d'Elsa Le Crève-Cœur ; Les yeux d'Elsa ; La Diane Française. À la libération, il publiera son plus célèbre roman en 1945, Aurélien , roman d'amour voir autobiographique. RAPPEL : L'intertextualité est un phénomène d'allusion ou de citation à d'autres textes. Bérénice de Racine est à l'origine de la citation de la fin du texte. Bérénice est une tragédie sur l'amour impossible : une reine juive et un jeune citoyen romain qui devient empereur, et devra épouser une citoyenne romaine. Le choix du devoir ou celui des sentiments : il choisira le devoir. Dans Aurélien : Hésitation avec point de vue omniscient ou interne. Très forte intertextualité avec le texte de Racine. II- Plan du commentaire Problématiques : Quel effet d'attente cet incipit provoque-t-il? Comment le narrateur joue-t-il avec les codes de la première rencontre? En quoi cet incipit est-il original? I- La première rencontre filtrée par la voix et le regard d'Aurélien A- Entre monologue et récit intérieur Présence de la première personne du singulier « je » ainsi que du présent d'énonciation « je crois » qui s'oppose à l'ensemble du texte à la troisième personne et au passé. Cela crée d'emblée une certaine confusion dans la voix narrative. RAPPEL : Trois valeurs principales du présent : 1- présent d'énonciation 2- présent de narration : se substitue au passé simple. Ici il dramatise l'action. Il s'agit de discours indirect libre DIL. RAPPEL : Trois formes de discours rapporté : 1- discours direct « je suis malade » 2- discours indirect « il a dit qu'il était malade » 3- discours indirect libre : consiste a intégré un propos qui n'est pas le sien dans son propre discours mais sans le préciser « il était malade » Discours indirect libre : à modalisateurs : mot ou groupe de mots qui permet d'exprimer l'opinion de celui qui parle sur ce qu'il dit. Futur dans le passé TEMPS VERBAUX Ainsi le mélange des voix des personnages et du narrateur obéi a une construction complète puisque la voix du narrateur semble laisser sa place à celle d'Aurélien dont on suit l'évolution de la pensée. On suit le fil de la pensée d'Aurélien qui s'apparente à une forme de rêverie : à Reprise de mêmes termes qui illustrent le cheminement de la pensée « étoffe » à Phrases nominales « plutôt petite » « mais Bérénice » « drôle de superposition » à Ponctuation «... » à Reformulation comme pour une pensée qui se cherche « ses cheveux étaient ternes, mal tenu » « une impression vague, générale » « d'ennui et d'hésitation » è Rythme binaire comme si le personnage cherchait le mot juste. Cette impression est placée sous signe de l'imprécision, du doute, comme le montre le champ lexical de l'imprécision : « Aurélien n'aurait pas pu dire...... C- Un regard structurant Texte en point de vue interne. Tout dans le texte s'organise autour du héros éponyme au point où Bérénice n'est jamais le sujet des verbes principaux sauf à un seul endroit « Elle lui déplut enfin » or ce verbe renvoi aussi à Aurélien. Le jugement esthétique est fondé sur la vision et le regard. Premier verbe : verbe de perception visuelle puis champ lexical du regard avec « vu » « mal regardé » « trouva »... Le regard et la réaction d'Aurélien montrent que cette rencontre ne l'a pas laissé indifférent. Le lecteur est donc face au début d'une histoire amoureuse entre les deux personnages qui s'annonce atypique. II- Le topos de la première rencontre renversé A- Le cadre La rencontre amoureuse semble d'abord privée de contexte et d'un cadre précis. Le récit commence au passé-simple sans aucune indication de date. Toutefois le lien entre guerre et poésie n'est pas explicité : il y a là une forme de mystère. Le lieu de la rencontre est lui-même indéterminé. Le seul lieu cité est « Césarée » dans un vers : lieu lointain existant mais qui se dématérialise et invite le lecteur à la rêverie. Les personnages, quant à eux, n'ont ni âge, ni identité, ni profession. B- Un jugement dépréciatif D'abord le personnage de Bérénice est saisi de l'extérieur, par ses vêtements, ses cheveux. La caractérisation est banale, peu valorisante. Celle-ci devient aussi négative comme en témoigne le vocabulaire péjoratif : « franchement laide » « cheveux ternes, mal tenus ». De la rencontre naît donc d'abord une impression désagréable : vocabulaire de l'irritation : « ennui, irritation, irriter ». L'intérêt semble naitre du désintérêt lui-même ; plus le personnage est perçu comme effacé « plutôt petite » « pâle » « une étoffe qu'il avait vue sur plusieurs femmes » « ternes » , plus Aurélien semble être marqué par elle : l'obsession apparaît avec la mention du verbe « repenser » et la gradation « remettre en tête » « hanter » « obséder ». Les pronoms de la troisième personne sont omniprésents. L'amour est donc placé sous le signe du paradoxe et ne se dévoile que de façon détournée et subtile. C- L'annonce paradoxale d'une relation amoureuse La digression finale semble faire progresser l'intrigue : à Thème : - le dernier vers est extrait de la tragédie de Racine appelé Bérénice. Titus, empereur romain doit renoncer à l'amour de Bérénice car un empereur romain ne peut épouser qu'une citoyenne romaine. Le vers évoque le lieu désormais vide de la rencontre, tristesse, mélancolie. Ce qu'il dit ligne 16 pourrait être attribué sans changer un mot à Bérénice. Ce processus de rapprochement d'idée rappel un procédé chez à l'école surréaliste elle même nourrit des acquis de la psychanalyse freudienne. En effet, notre esprit ferait des rapprochements entre les éléments qui ont l'air sans lien mais qui révèle notre inconscient. Ici le rappel du vers de Racine éclaire à son insu Aurélien sur ces sentiments qui passe de l'indifférence à l'obsession. Le tableau représente la première femme du peintre, Camille Doncieux, en compagnie de leur jeune fils de 7ans, Jean. Camille est comme nimbée de cette clarté. Jean se trouve en second plan, rougeaud, lui aussi extrêmement attentif. Camille fut le modèle favori de Monet. Elle avait 32 ans et avait donné naissance à deux enfants. En effet, depuis 1878, Alice vit sous le même toit que les Monet à Vétheuil, avec ses 6 enfants. Mais revenons un peu en arrière. Eh oui… La similitude de cette œuvre avec « La promenade », peinte 10 ans plus tôt, est frappante : même cadrage en contre-plongée, décor semblable, même ombrelle, robe longue de couleur blanche, petit chapeau également, et le vent qui souffle toujours. Suzanne a-t-elle rappelé Camille à Monet? La femme semble être en attente, le regard tourné vers le peintre. Le vent souffle tout autant, mais les herbes sont maintenant couchées du bon côté. La femme est légèrement penchée en avant, comme si elle était poussée par derrière. Elle ne regarde plus Monet. Sa longue tresse est à peine suggérée derrière son cou. Vous remarquerez que sa silhouette se rapproche maintenant beaucoup plus de celle de Camille dans « La promenade ». », me direz-vous peut-être. Ce membre ressemble à un bout de bois sans vie, contrairement au bras gauche qui lui, a conservé son aspect naturel. Que voulait transmettre Monet? Dix ans après son décès, le peintre était peut-être enfin prêt à la laisser définitivement partir… Voir la page originale : Site protégé par droits d'auteur Under Creative Commons License: Follow us: CENTRES ÉTRANGERS SÉRIE L Objet d'étude : le roman et ses personnages, visions de l'homme et du monde. Textes : Texte A : Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais, chapitre III, 1834. Texte B : Marcel Proust, La Prisonnière, 1923. Texte C : Albert Cohen, Belle du Seigneur, chapitre LXXXVII, 1968. Texte A : Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais, chapitre III, 1834. Elle est parvenue à se l'attacher en le rendant fou d'amour pour elle. Mais parce qu'elle veut « posséder sans être possédée », elle refuse de s'offrir à lui. Un soir, le général se rend chez elle, décidé à la faire céder à son désir. Ma femme de chambre pourrait vous entendre. Respectez-moi, je vous prie. Votre familiarité est très bonne, le soir, dans mon boudoir 1; mais ici 2, point. Puis, que signifie votre je veux? Personne ne m'a dit encore ce mot. Il me semble très ridicule, parfaitement ridicule. Montriveau pâlit, voulut s'élancer; la duchesse sonna, sa femme de chambre parut, et cette femme lui dit en souriant avec une grâce moqueuse : - Ayez la bonté de revenir quand je serai visible 3. Armand de Montriveau sentit alors la dureté de cette femme froide et tranchante autant que l'acier, elle était écrasante de mépris. En un moment, elle avait brisé des liens qui n'étaient forts que pour son amant. La duchesse avait lu sur le front d'Armand les exigences secrètes de cette visite, et avait jugé que l'instant était venu de faire sentir à ce soldat impérial que les duchesses pouvaient bien se prêter à l'amour, mais ne s'y donnaient pas, et que leur conquête était plus difficile à faire que ne l'avait été celle de l'Europe. Je suis, vous l'avez dit vous-même, un enfant gâté. Quand je voudrai sérieusement ce dont nous parlions tout à l'heure, je l'aurai. Pour la curiosité du fait, je serais charmée de savoir comment vous vous y prendriez. Me permettrez-vous de venir vous chercher pour aller au bal ce soir? Montriveau salua gravement et se retira. C'est lui qui a encouragé Montriveau à se montrer plus exigeant vis-à-vis de la duchesse de Langeais. Texte B : Marcel Proust, La Prisonnière, 1923. Chaque jour, elle me semblait moins jolie. Seul le désir qu'elle excitait chez les autres, quand l'apprenant, je recommençais à souffrir et voulais la leur disputer, la hissait à mes yeux sur un haut pavois 1. Elle était capable de me causer de la souffrance, nullement de la joie. Par la souffrance seule, subsistait mon ennuyeux attachement. Dès qu'elle disparaissait, et avec elle le besoin de l'apaiser, requérant toute mon attention comme une distraction atroce, je sentais le néant qu'elle était pour moi, que je devais être pour elle. J'étais malheureux que cet état durât et, par moments, je souhaitais d'apprendre quelque chose d'épouvantable qu'elle aurait fait, et qui eût été capable, jusqu'à ce que je fusse guéri, de nous brouiller, ce qui nous permettrait de nous réconcilier, de refaire différente et plus souple la chaîne qui nous liait. En attendant, je chargeais mille circonstances, mille plaisirs, de lui procurer auprès de mol l'illusion de ce bonheur que je ne me sentais pas capable de lui donner. J'aurais voulu, dès ma guérison, partir pour Venise ; mais comment le faire, si j'épousais Albertine, moi, si jaloux d'elle que, même à Paris, dès que je me décidais à bouger c'était pour sortir avec elle? Même quand je restais à te maison tout l'après-midi, ma pensée la suivait dans sa promenade, décrivait un horizon lointain, bleuâtre, engendrait autour du centre que j'étais une zone mobile d'incertitude et de vague. Texte C : Albert Cohen, Belle du Seigneur, chapitre LXXXVII, 1968. Exclus de la bonne société, les amants se sont retirés dans un luxueux hôtel de la Côte d'Azur. Une nouvelle journée commence. II la voyait nue chaque jour, et elle croyait devoir le vouvoyer. La pauvre, elle se voulait une amante idéale, faisait de son mieux pour conserver un climat de passion. Enfin, elle était allée s'habiller, bonne affaire. Toujours bon à prendre. Oui, mais lorsqu'elle reviendrait, elle poserait la question fatidique 2, épée de Damoclès 3, lui demanderait quels étaient les projets pour l'après-midi, après l'équitation. Quels nouveaux plaisirs inventer pour camoufler leur solitude? Il n'y en avait pas de nouveaux. Toujours les mêmes substituts du social 4, les mêmes pauvres bonheurs à la portée des bannis, les théâtres, les cinémas, les roulettes de casinos, les courses de chevaux, les tirs aux pigeons, les thés dansants, les achats de robes, les cadeaux. Et toujours, à la fin de ces expéditions à Cannes, à Nice, à Monte-Carlo, c'était le dîner raffiné cafardeux, et il fallait parler, trouver de nouveaux sujets, et il n'y en avait plus. Tous les sujets d'Ariane, il les connaissait, savait par cœur l'âme d'élite de la chatte Mousson, la personnalité charmante de la chouette Magali, et tous les redoutables souvenirs d'enfance, le petit chant qu'elle avait inventé, et le rythme de la gouttière, et les gouttes tombant sur la tente de toile orange, et les expéditions à Annemasse pour voir les catholiques, et les déclamations au grenier avec sa sœur, et tout le reste, toujours avec les mêmes mots. On ne pouvait tout de même pas rabâcher ça éternellement. Alors, on commentait les dîneurs. Eh oui, ne fréquentant plus personne et ne pouvant plus commenter des amis, agréable occupation des sociaux, ni parler d'une activité quelconque, puisque ignominieusement chassé 5comme avait dit la Forbes 6, il fallait tout de même nourrir la conversation puisqu'on était des mammifères amoureux à langage articulé. Alors voilà, on commentait des dîneurs inconnus, on tâchait de deviner leur profession, leur caractère, leurs sentiments réciproques. Tristes passe-temps des solitaires, espions et psychologues malgré eux. Et quand on avait fini l'exégèse 7de ces inconnus désirables, inaccessibles et méprisés, II fallait trouver autre chose. Alors on discutait de la robe achetée ou des personnages des romans qu'elle lui lisait le soir. S'apercevait-elle de leur tragédie? Non, elle était une femme bien, ferme en son propos d'amour. Mais aujourd'hui, pas le courage de la bourrer de substituts. Tant pis, pas de Cannes, lui faire le coup de la migraine et aller remuer en paix ses orteils chez lui jusqu'à l'heure du dîner. Non, impossible de la laisser se morfondre toute seule dans sa chambre. Mais que lui dire tout à l'heure lorsqu'elle rappliquerait noblement, aimante et parfumée, si pleine de bonne volonté? Rien à lui dire. Oh, être un facteur et lui raconter sa tournée! Oh, être un gendarme et lui raconter un passage à tabac! Voilà qui était du vivant, du vrai, du solide. Ou encore la voir s'animer parce qu'on était invités ce soir par un sous-brigadier ou un sur-facteur. Oh, si la tendresse pouvait suffire à contenter une femme! Mais non, il avait été engagé pour de la passion. Lui faire des enfants pour lui donner un but en dehors de lui et un passe-temps aussi? Mais non, les enfants supposaient mariage et le mariage supposait vie dans le social. Or, il était un banni, un hors caste. De toute façon, ils ne pouvaient pas se marier puisqu'elle avait déjà un mari. Et puis quoi elle avait tout abandonné pour une vie merveilleuse, et non pour pondre. Il ne lui restait plus qu'à être un héros passionnel. N, Société des Nations, ancêtre de l'O. U parce qu'il est juif l'intrigue se déroule dans les années 30. Vous répondrez d'abord à la question suivante 4 points : Quelle vision de la relation amoureuse chacun de ces textes propose-t-il? Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté en vous appuyant sur les textes qui vous sont proposés, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles. En vous inspirant des éléments fournis par le texte, vous imaginerez ses pensées. Vous conserverez la 3ème personne du singulier.

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